mercredi 5 février 2014

Le 5 février 2014

Je vais écrire ainsi, comme un journal intime à l'air libre. Si vous avez des questions ... je pourrais y répondre et j'y répondrais avec grand plaisir... rien d'autre à signaler.

Nous sommes donc mercredi et cela fait tout juste deux semaines que je suis " enfermée " ici. J'impose les guillemets, personne ou je le pense, ne m'oblige à rester, je le fais pour mon bien. Et c'est important parfois de penser au delà dans le temps, de voir plus loin, et de savoir, ce qui plus tard sera bon pour moi. J'ai pris mon Loxapac au réveil et mon témesta. Ils semblent être les deux alliés pour bien commencer la journée. Car cette journée ... est une journée particulière.

Aujourd'hui, je passe un entretien d'embauche pour un stage. Vous me direz rien de particulier en réalité, une page de vie comme une autre .... Et bien chez moi elle résonne différemment. Malgré les médicaments censés réduire à néant mes insomnies, cette nuit je me suis réveillée plusieurs fois. Et à en voir mon visage ce matin, je crois que je stress. Je ne le ressens pas directement. Les médicaments empêchent cela mais à voir le débit de parole que j'emploie je dirais ... que je suis stressée. Il n'y a pourtant pas d'enjeux particulier ... ce n'est qu'un stage. Oui mais un stage pour moi ... c'est voir un peu plus loin que la semaine prochaine et je ne sais pas si c'est moi ou si c'est cette maladie mais ... on a des difficultés à se projeter réellement....C'est important et stressant de se projeter .... J'ai toujours l'impression que je ne vivrais pas jusque là ... ( humour noir ). Et puis il y a autre chose .... et peut-être encore plus drôle .... j'ai peur des autres. De la manière qu'ils ont de me regarder comme s'ils savaient mais comme s'ils avaient quoi ! Dans leur regard je lis le jugement, j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur et dés qu'ils tournent le dos j'ai l'impression qu'ils parlent de moi ... Oui je sais, c'est ce qu'on nomme aussi paranoïa mais figurez vous que j'écris de manière un peu légère tout cela mais ce n'est pas si évident d'avoir l'impression d'être sens cesse critiquer par les autres .... De marcher droit dans l'allée et de ne pas avoir l'impression que le premier passant va se retourner sur moi ...Ils ne se retournent pas, je n'en suis pas persuadée mais mon bon sens le sait. Il n'est pas écrit sur mon front " Je suis bipolaire" ... non ... il ne sait rien de tout ça. Et moi je devrais apprendre à le savoir aussi.

Alors ... à ce soir.

mardi 4 février 2014

Je suis à l'hôpital depuis quelques jours ... ils essayent de réajuster mon traitement. Traitement que je n'avais d'ailleurs plus jusqu'alors ... Je suis sous Tegretol. Certains connaissent peut-être déjà ce nom, pour d'autre pas et d'autres encore c'est plus que familier ... Vous savez j'essaye vraiment de me sortir de là ... j'aspire à tellement plus de stabilité. Je voudrais arrêter les perpétuelles changements d'études, d'appartements, de petits amis, de couleurs de cheveux ... Je voudrais tellement trouver qui je suis enfin ... Je suis arrivée ici à cause d'un accès maniaque et je n'ai jamais conscience dans mon surplus de bonheur à quel point cela pourra m'être néfaste pour la suite. Je me sens bien en ces le moment mais dans cette zénitude je pense pensais encore un peu trop ... à tout ce que demain je pourrais accomplir, à toutes les choses que je n'ai pas dites, toutes les choses que je n'ai pas eu le temps de faire ... et surtout à cet enfant qui n'a pas vu le jour .. à lui aussi je pense beaucoup... je caresse délicatement mon corps ... comme s'il était toujours là ... mais le deuil n'est pas fait ... ma poussière est toujours quelque part à l'intérieur de moi ... plus dans mon vente, un peu plus haut, là-bas dans l'obscur ... Alors je faire les yeux et j'essaye de le sentir encore vivre en moi ... cette petite poussière. Au risque de paraître stupide je l'ai senti se créer, j'ai senti ma minuscule étoile se former au creux de mon ventre ... je l'ai senti être tuée aussi et c'était comme une première mort. n'avais plus l'impression de vivre pour moi mais de vivre pour lui et qu'ensemble ... peut-être nous ferions de grandes choses ... mais je l'ai tué ... nous n'avons rien fait. Nous n'avons rien fait que me détruire un peu plus ... un peu plus chaque fois ... je t'ai accroché à ma vie mon amour et je ne sais pas si c'est la nature ou toi mais de toutes tes petites forces tu n'as pas voulu rester ... et tu as bien fait. Je peux le lui dire aujourd'hui ... Tu n'aurais rien trouver de bon ici. Et je te mentirais peut-être un peu parce que ... dans notre malheur nous connaissons tous de jolies choses, de plaisirs simples .... tu aurais pu courir dans l'herbe l'été, ramasser tes œufs de pâques ... découvrir les coccinelles, ce petit être étrange, tu aurais pu goûter à de très bons gâteaux de mamie, tu aurais pu ... Mais tu ne sauras jamais et jamais je n'aimerais autant que je t'aime. Alors garde bien profondément la place que tu as dans mon cœur ... j'ai besoin de toi, de te sentir là, pour être plus forte et pour vaincre ...

Introduction à la douleur

Je me suis toujours cherchée sur internet, à travers les blogs, à travers les post des médecins, à travers les forums et je me suis toujours bel et bien reconnue dans cette maladie que je prétendais pourtant étagère à mon être. Et puis ... le diagnostic. " Vous souffrez de troubles bipolaires". Au fond je le savais ... j'avais juste une l’immensité qui m’empêchait de l'accepter. Et puis c'est bien là ... ça perdure ... et pire encore ça perdurera.

Aujourd'hui je ne suis plus certaine de le voir comme un handicap mais comme une différence ... mais c'est compliqué... vous savez combien c'est compliqué de se réveiller le matin et de se dire " laquelle je vais être aujourd'hui ?" ... et tout ces gens qui vous disent tu es lunatique ma fille, tout le monde est lunatique alors ben moi aussi je suis bipolaire. Viens donc l'ami, vivre un jour, un seul petit jour de ce que nous endurons et nous verrons ensuite.

Bien sûr, il y a pire ...., il y a l'amnésie, il y a la trisomie, le cancer, il y a ... il y a ... toutes ces choses qu'on ne mérite pas d'avoir. Mais Sponville disait " le cancéreux ne souffre pas plus que le dépressif " ... la douleur est la douleur. Et le corps ne s'y trompe pas et nul ne s'y trompe qu'à tromper son corps ... La douleur est en quelque sorte universelle et c'est pourquoi imaginer quelqu'un qui soit disant souffre plus que nous ne nous aide pas ... cela ne peut nous aider ... même pas nous soulager puisque lorsque la douleur est amoindrie s'en suit la culpabilité alors on s'en veut de se plaindre alors que d'autres sont en phase terminale ...

Et puis la famille ... la famille n'est pas épargnée de cette douleur qu'elle ne comprend pas, qu'elle n'ose parfois même pas imaginer et qu'elle va même jusqu'à nier.... Nous savons qu'ils souffrent, nous le savons mais nous ne pouvons déjà pas agir sur notre mal comment agir sur le votre ...

Ce texte n'était qu'une introduction au mal .... plus tard je ne parlerais plus de la même manière, je serais plus diplomate, moins directe, plus littéraire ... plus moi ou l'autre moi l'une des deux ....

Bien à vous.